Prédication de Jean-Pierre JULIAN le 5 octobre 2025

Prédication de Jean-Pierre Julian au Temple de Clermont

Prédication de Jean-Pierre JULIAN le 5 octobre 2025

Luc 17 v 5 à 10 Sœurs et frères en Christ,

Ajoute-nous plus de foi ! « Ajoute-nous plus de foi ! » Voilà une demande des plus saugrenues de la part des apôtres. Avoir plus de foi ? La foi doit-elle se vivre dans une logique d’accumulation ? Comme si, la foi en Christ, ici, était une sorte de muscle qui aurait besoin d’être fortifié. Comme si avoir plus de foi allait nous rendre plus croyants, et donc encore plus capables de convertir nos semblables, peut-être ? Comme si le grossissement de la foi allait nous rendre plus performant pour faire des miracles ? Les Apôtres en posant cette question sont à côté de la plaque. Mais grâce à eux, grâce à cette demande saugrenue qu’ils adressent au Seigneur : Ajoute-nous plus de foi ! Ils nous permettent de lever un coin du voile sur ce que la foi n’est pas.

Ce que la foi n’est pas ! En demandant au Seigneur : « Ajoute-nous plus de foi » nous percevons-tous le sous-entendu qu’il y a derrière et que je résumerais ainsi : « donne-nous plus de puissance. » C’est de cela qu’il s’agit en réalité. Et là, nous sommes pris en flagrant délit, comme les apôtres, par le Seigneur lui-même qui va les reprendre et les orienter vers une juste compréhension de ce qu’est la foi en son Nom. Notre humanité doit d’abord prendre conscience que toute volonté de puissance est étrangère au Dieu Biblique. Notre humanité est ainsi faite qu’elle confond, depuis la nuit des temps, sa propre puissance avec la puissance de Dieu. La puissance de Dieu n’est mue que par l’Amour et l’Amour selon Dieu est beaucoup plus large et profond que tout ce que nous pouvons imaginer. Son Amour est justice et sa Justice est Amour. Et donc la puissance de Dieu est Amour, tout comme Sa justice. Cette puissance-là, est donc tout autre. Notre humanité projette souvent sur Dieu sa propre compréhension de la notion de puissance, de gloire et de règne. Les Apôtres imaginent donc que cette puissance, qu’ils espèrent recevoir, les rendra plus performants, plus efficaces. Dieu ne nous demande jamais d’être plus performants, plus efficaces. C’est l’idéologie en vogue actuellement qui nous susurre cela. La puissance de Dieu est celle de l’Amour, de la Vie, de la grâce surabondante, cette puissance-là n’écrase pas, ne cherche pas à être meilleure que le prochain. Elle n’a rien à voir avec toutes les puissances que notre humanité, coupée de Dieu, invente pour être plus forte en tant que nation par exemple. En effet, chaque nation cherche à être plus forte que les autres. Ce qui les anime c’est la volonté de puissance afin d’être la plus forte économiquement parlant (industriellement, numériquement, par l’IA, par les sportifs qui gagnent tous les trophées lors des jeux olympiques, par sa culture médiatique, cinématographique…) Bref, cette volonté de puissance n’a rien à voir avec la foi en Jésus Christ. La seule puissance que nous connaissons de Dieu, elle s’est pleinement révélée sur la croix et c’est celle de la grâce surabondante, celle de l’Amour selon Dieu. La foi n’est donc pas un muscle qui peut grossir. La foi n’est pas une valeur ajoutée qui peut s’accumuler. La foi n’est pas un dogme à apprendre par cœur. Mais alors qu’est-elle cette foi et surtout d’où vient-elle ?

Qu’est-ce que la foi et d’où vient-elle ? Il me semble important de nous interroger sur l’origine de cette foi. D’où vient-elle ? Oui, d’où vient la foi ? Nous avons dans la Bible déjà la réponse à cette question grâce à l’Apôtre Paul : la foi est un don de l’Esprit saint, nous dit-il dans la lettre aux Galates. « La foi vient de ce que l’on entend et ce que l’on entend c’est la Parole du Seigneur Jésus. » Renchérit-il dans la lettre aux Romains « comment parle la justice qui vient de la foi ? La Parole est dans ta bouche et dans ton cœur. C’est là, la parole de la foi que nous proclamons. En effet, si avec ta bouche tu professes Jésus Seigneur et si dans ton cœur, au plus intime de toi-même, tu crois, tu adhères au fait que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » La foi est donc un don de Dieu, un don qui nous met en relation avec Jésus le Crucifié/ Ressuscité des morts, le Seigneur. Et ce don de l’Esprit Saint nous donne la force de nommer Jésus comme étant le Seigneur et ce Don de l’Esprit Saint nous offre aussi la possibilité, au plus intime de nous-même, de réaliser qu’il est vraiment ressuscité des morts/. Faisons un pas de plus et remémorons-nous les paroles du Christ dans les quatre évangiles. Dans les Evangiles Jésus notre Seigneur dit à plusieurs reprises en s’adressant à des personnes qu’il vient de guérir : « Ta foi t’a sauvée. » Lorsque Jésus dit cette parole : « ta foi t’a sauvée. » Cela veut simplement dire que la personne qui entre en lien avec cette parole du Christ est dorénavant unie avec Lui. Jésus ici rend visible, par sa Parole, le lien d’Amour qu’il établit avec cette personne qui s’est approchée de Lui. Celui qui dit cette parole : « ta foi t’a sauvé ! » c’est la Parole créatrice faite être humain, ne l’oublions pas. Et lorsque cette Parole créatrice faite être humain s’adresse à un individu en lui disant : « ta foi t’a sauvé », cette Parole Créatrice faite être humain accomplie ce qu’elle Dit, dans l’instant où elle le dit. L’individu prend alors conscience que s’abandonner dans cette Parole/promesse qu’il vient d’entendre, c’est être réconcilié dans l’instant avec le Père. Ainsi, il ou elle, entre en relation avec le Père dans le Fils et par l’Esprit Saint. Nous venons ici de répondre à cette question fondamentale d’où vient la foi ? La foi vient de ce que l’on entend. Et ce que l’on entend c’est la Parole du Seigneur Jésus nous dit l’Apôtre Paul.

Petit retour sur le récit de la Genèse au chapitre 3. Si la foi vient de ce que l’on entend et si, ce que l’on entend, c’est la Parole du Seigneur Jésus. Cela sous-entend que notre humanité avait perdue l’habitude d’entendre pleinement cette Parole. Et que notre humanité était plus encline à suivre une autre parole, souvent la nôtre, qui l’encourageait à cultiver la volonté de puissance ? Ce désir d’ajouter, de compléter, de rendre la foi plus performante, plus puissante, à nos yeux, trouve sa source dans le livre de la Genèse au chapitre 3. Ce récit nous décrit la femme et l’Adam qui ont écouté et obéi à une autre parole que celle de leur Seigneur. Ils ont écouté et obéi à la parole du serpent qui parle. Suite à cette écoute, ils ont complètement changé de regard sur la réalité qui les englobaient et sur les relations qu’ils entretenaient avec la Parole créatrice et avec le prochain. En effet, lorsque la femme et l’Adam consommèrent le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bonheur et du malheur, leurs regards sur le monde, sur la création, sur eux même et sur la Parole Créatrice changea du tout au tout. Notre humanité pris ici un autre chemin. Le monde qui l’entourait, était devenu un bien à consommer, à conquérir, à défendre. Ce récit nous décrit la nouvelle orientation du désir de notre humanité : n’exister que par elle-même, en elle-même et pour elle-même. Elle pensait pouvoir se passer de Dieu, du moins le croyait-elle. Elle pensait s’épanouir, loin de cette relation avec le Dieu Amour. Et au fil du temps, les plus vaillant d’’entre-elle faisaient tout pour laisser un nom dans l’histoire, quitte à écraser le plus faible, à tuer s’il le faut, à dominer pour ne pas être dominé. Dans notre rapport au réel, ce récit de genèse 3 nous décrit que la prédation est devenue première pour notre humanité. Dans notre relation avec Dieu, ce récit nous décrit que notre humanité est passée d’une profonde communion avec le Dieu Amour à une peur de Lui, puis à une indifférence, puis à l’oubli même de Son existence. Dans la relation entre la femme et l’Adam le récit, avec finesse, nous montre qu’ils sont passés d’un partenariat fructueux à une logique d’accusation l’un envers l’autre. Ce que la femme et l’Adam ont perdus de vue et nous avec eux, c’est donc l’obéissance de la foi à la Parole du Seigneur de la vie, à la Parole du Seigneur de l’Amour. Et ce que nous révèle, en creux, l’Evangéliste Luc avec cette demande saugrenue des Apôtres : « Ajoute-nous plus de foi », c’est leurs difficultés et la nôtre à se défaire de cette volonté de puissance qui est tapi à notre porte.

Serviteur inutile. Venons-en maintenant à cette parole du Seigneur qui nous titille, pour ne pas dire plus. « Dites : Nous sommes des serviteurs inutiles. Nous avons fait ce que nous devions faire. » Jésus dans cette parabole compare les apôtres à des esclaves qui doivent une obéissance totale au maitre. Les esclaves travaillent dans les champs, ils servent leurs maitres à table le soir. Ils ont accompli ce qu’ils devaient accomplir. C’était dans le contrat dirait-on aujourd’hui. C’était leur condition d’esclave dirait-on au temps des Evangiles. Jusque-là on suit le fil de la pensée du Seigneur Jésus. Si les Apôtres ont été appelés pour un ministère particulier cela veut dire qu’ils ont reçu les dons nécessaires de leur Seigneur pour accomplir leurs ministères. Transposons cela pour aujourd’hui. Nous avons été appelés, les uns et les autres, par le Seigneur Jésus pour un ministère particulier. Au fil du temps, nous avons appris que si nous avons pu mener à bien ce ministère c’est grâce au Seigneur lui-même, c’est avec son aide, son soutien, sa bénédiction, Son souffle Saint qui chaque jour nous accompagne. Et donc par la force des choses nous lui disons notre reconnaissance pour son soutien sans faille. Nous lui sommes donc reconnaissant. Mais pour autant doit-on attendre de Sa part de la reconnaissance ? C’est la question que soulève ici l’Evangéliste Luc : « Le maitre de Maison aura-t-il de la reconnaissance envers ce serviteur par ce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ? » Attendre de la reconnaissance de la part de Dieu c’est inverser les rôles. C’est Lui le potier et nous les vases d’argiles. C’est Lui la Parole créatrice et nous les créatures. C’est Lui le Seigneur et nous les servantes et les serviteurs. C’est Lui le Père et nous ses enfants adoptifs. Sommes-nous encore des enfants qui attendent un regard, une parole de leurs parents pour être conforter dans les efforts consentis ? Attendons-nous de l’institution Eglise une parole de reconnaissance ? Attendons-nous du conseil presbytéral, du pasteur une parole de reconnaissance ? Observons plutôt la façon dont le Christ Jésus, notre Seigneur, se comportait face à Dieu notre Père lorsqu’il arpentait les routes d’Israël. Le Fils unique n’était-il pas tourné vers le Père pour le louer, le glorifier, lui confier ses angoisses, lui dire aussi toute sa reconnaissance ? Si le Fils Unique était ainsi tourné vers le Père, en son humanité, ne doit-il pas en être de même pour chacun de nous ? Si nous sommes pleinement convaincus que Celui qui œuvre en nous et par nous c’est l’Esprit Saint, le souffle Saint que nous avons reçu. Nous n’attendons rien de plus de sa part, si ce n’est la venue en gloire du Seigneur Jésus. Nous avons déjà tout. Pourquoi être en quête d’une reconnaissance venant du Père alors que Celui-ci, par l’Esprit Saint, bénis, à travers notre vie, celles et ceux que nous côtoyons ? Suite à ce qui vient d’être dit nous comprenons mieux ce que l’Evangéliste Luc écrit : « le Seigneur a-t-il de la reconnaissance pour le travail accompli ? Vous avez fait ce qui a été ordonné : dites, nous sommes des esclaves non indispensables, inutiles, quelconques. Ce que nous devions faire nous l’avons fait ». Et j’ajouterais : « Et nous le faisons dans la joie ! » Amen.

Contact