- Accueil
- Actualités
- prédication
- Prédication de Jean-Pierre Julian le 26 octobre
Prédication de Jean-Pierre Julian le 26 octobre
Partage
prédication de Jean-Pierre Julian
Luc 18 v 9 à 14
(Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.)
Sœurs et frères en Christ,
Tous pharisiens !
Avant de tourner nos regards vers celui qui collecte les impôts et qui avait mauvaise réputation car il était au service de l’occupant Romain. Attardons-nous quelques peu sur ce pharisien qui, à mes yeux, est tout aussi proche de nous que le collecteur d’impôts. La facilité, en lisant ce récit, c’est justement de juger le pharisien et de se reconnaître surtout dans le collecteur d’impôts. Jésus, notre Seigneur, dans cette parabole fait le constat que certaines personnes, comme le pharisien, éprouvaient le besoin de se justifier en se comparant au collecteur d’impôts, qui lui aussi était dans le temple pour prier Dieu. Ce pharisien se persuadait, en lui-même, d’être plus justes en se comparant au collecteur d’impôts et à d’autres personnes qui ne respectaient pas comme lui, les dix commandements de Dieu, et, ce faisant, il pouvait ainsi se croire meilleur que les autres. Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.
Le règne de l’image
Transposons ce récit maintenant à l’aujourd’hui de nos vies. Nous ne sommes plus dans le même contexte culturel où a été écrit l’Évangile selon Luc. La seule constante qui traverse les siècles, d’âge en âge, c’est ce qui se trame dans le cœur humain, bibliquement parlant. Ce cœur n’a pas bougé d’un iota ! Soit il est en communion avec le Dieu vivant, soit il lui tourne le dos. Aujourd’hui, nous vivons tous dans le siècle de l’image. L’écran est omniprésent dans notre quotidien. Ces écrans sont partout : sur nos téléphones portables avec toutes les applications possibles, sur nos téléviseurs, nos IPad, nos ordinateurs… Tous ces écrans sont une incroyable fenêtre ouverte sur le monde. Notre esprit est journellement capturé dans cette réalité, ou cette fiction qui défile devant nos yeux. Nous vivons donc dans le siècle de l’image. Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal, c’est seulement un constat. C’est notre quotidien. Nous nous nourrissons des histoires, des images, des récits qui défilent devant nos yeux. Au fil du temps, notre esprit est donc éduqué à travers ces multiples récits qui se déploient par le biais de l’image. Je dis donc simplement que nous vivons tous dans le règne de l’image. Et que ce règne là nous influence, nous structure plus que nous le croyons. Et au fil du temps nous sommes en capacité de reproduire ce règne de l’image dans notre propre intériorité. Gardons cela en mémoire. Il ne s’agit pas ici de dire ce qui est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.
Le nouveau centre de nos vies : l’image !
Revenons maintenant à cette parole de évangéliste Luc : « Certaines personnes se persuadaient d’être justes tout en méprisant les autres. » Comment, aujourd’hui, nous persuadons-nous, nous-mêmes, que nous sommes justes à nos propres yeux et aux yeux des autres ? L’église, le temple n’occupant plus le centre du village. Il devient dérisoire aujourd’hui d’y aller et de faire comme les pharisiens d’alors, signifier aux autres notre propre justice par notre manière ostentatoire de prier ou de louer Dieu. Autant aller dans un stade de foot et faire son signe de croix sur la pelouse. Je le répète, Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat. Le centre où pouvait régner l’Eglise, le temple d’alors n’a pas disparu, il s’est simplement transformé. Ce qui symbolise aujourd’hui, à mes yeux, le centre de la vie de nos sociétés ce sont les médias au sens large. Pour une certaine génération comme la mienne, ce centre vital, c’est encore la télévision. La télévision (la radio aussi) est devenue au fil du temps le centre de nos vies, notre lieu d’information, de divertissement et aussi de comparaison. Pour les générations plus jeunes, il en est autrement, mais cet autrement est toujours lié aux médias, à l’écran, à l’image. Ils se reconnaissent à travers des communautés virtuelles qui, à leurs yeux, sont plus proches d’elles, leurs ressemblent, leurs parlent. (WhatsApp, Instagram, X, You Tube, Tic Toc…) Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal, c’est seulement un constat. Il nous est difficile aujourd’hui d’échapper à cette emprise de l’image. Et je suis, comme tout un chacun, devenu esclave de mon portable car dans ce petit objet, ce smartphone, il y a toutes sortes de logos. Il y a la banque, la sécurité sociale, la retraite, les courriels, les plateformes comme Netflix ou Disney, la météo, You tube, toutes sortes de réseaux sociaux, mais aussi Spotify, Disert, les journaux papier devenus numériques, la télévision, les radios, la santé, l’appareil photo, la Bible, nos multiples contacts téléphoniques et courriel, EDF, l’eau, nos assurances…J’arrête là. La liste est sans fin. Notre esprit, petit à petit, est donc éduqué pour se servir de cet objet qui, peut-être, un jour deviendra un implant dans notre boite crânienne pour rendre encore la chose plus praticable, plus rapide, plus efficace, toujours plus performante. Mais ce qui m’interpelle profondément aujourd’hui, en cette fête de la Réformation, c’est donc le règne de l’image et de son emprise sur nos consciences. Ce que je dis ici n’est qu’un constat. Il ne s’agit pas ici de dire ce qui est bien ou mal.
La nouvelle religiosité des temps modernes
Il n’est pas sorcier de constater que les médias à travers l’image sont devenus la nouvelle « religiosité » des temps modernes. C’est eux, bien souvent, qui discernent et propulsent sur le devant de la scène untel qui est une belle personne, untel qui peut être déclaré comme étant la personnalité préférée des français ou encore décréter qu’elle fait partie des justes, des personnes généreuses, ou encore des personnes vraiment détestables. J’attire donc votre attention sur le rôle des médias qui à travers l’image se sont attribués quelques attribues divins. Un des principaux attribue divin, je vous le rappelle est de déclarer qu’une personne est totalement graciée par Jésus Christ notre Seigneur, qu’elle est donc rendue juste par l’œuvre qu’Il a accompli sur la croix. Le simple fait que les médias se sentent en capacité de déclarer et de décerner une belle image à quelqu’un, à une institution, à une œuvre, à une entreprise, indique clairement qu’ils ne sont plus simplement un lieu d’information, de divertissement, de culture mais aussi un lieu d’influence pour consommer plus, un lieu de reconnaissances afin d’offrir une valeur ajoutée à toutes personnes qui entre dans l’écran et fait donc partie de l’image. Ceci dit, nous savons tous, que tout cela est éphémère. Ce qui est adulé à une époque peut être honni à une autre époque, souvenons-nous de l’abbé Pierre. Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.
Notre esclavage
En ce Samedi/dimanche de la Réformation, il me semble important de comprendre le monde dans lequel nous vivons et surtout de discerner l’esclavage dans lequel nous sommes. Sans nous en rendre vraiment compte nous vivons dans un nouvel esclavage. Notre esprit est éduqué pour ne vivre qu’en lui-même dans une sorte de grotte, fermée sur elle-même. Dans cette grotte, dans son antre, il y a mille miroirs, mille facettes, mille écrans. Ces mille miroirs et mille écrans conforte notre esprit dans ses propres convictions, dans ses propres jugements. Ainsi notre esprit en toute liberté se balade dans cette grotte fermée, cloisonnée, réduite à un espace clos telle une prison. Notre esprit se croit libre car il peut s’arrêter devant un des multiples écrans et miroirs qui peuplent cette grotte et constater, tel narcisse, « qu’il est vrai, oui, c’est une certitude, je me considère plus juste que tous les injustes qui nous dominent politiquement, économiquement. Oui, je suis plus juste que les traitres à la patrie, que les malfrats qui volent les pauvres gens et les personnes âgées. Oui, je suis plus juste que les narco trafiquants et certains policiers corrompus. Oui, je suis plus juste que mon voisin qui ne respecte pas le tri des poubelles… ». Alors, tout en se promenant dans cette grotte dorée et tout en s’arrêtant jour après jour, heure après heure, minutes après minutes devant les multiples écrans et miroirs qui peuplent cette grotte, cette prison dorée ; notre esprit, au fil du temps se convainc lui-même, se conforte dans ses propres déclarations, dans ses propres jugements sur les autres et sur lui-même. Sans s’en rendre compte, notre esprit a intériorisé ce que les médias à travers l’image des écrans lui ont inculqué depuis son plus jeune âge. Il est devenu son propre média dans cette grotte fermée qui symbolise le cœur, bibliquement parlant. Et il décerne, lui-même, les prix de justice, de sainteté, de gloire. Il offre lui-même des « césars » à ceux qu’il adore sans s’oublier lui-même, de temps à autres, histoire de faire partie des lauréats. On est bien servi souvent que par soi-même, n’est-ce pas. Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.
L’être humain coupé de Dieu
En y réfléchissant bien, notre esprit a-t-il besoin d’un Dieu pour recevoir une belle image de lui-même ? En effet si, en lui-même, grâce à cette grotte aux mille écrans et mille miroirs dans laquelle notre esprit vit, il peut, par comparaisons, se trouver plus juste que le voisin, que le parent, que le collègue, que le croyant, que le collecteur d’impôt qu’il côtoie. Fort de ce constat, à bien y réfléchir, il n’a pas besoin d’un Dieu et encore moins du Christ Jésus. Puisqu’il est en en capacité de se déclarer juste à ses propres yeux et aux yeux des autres. La crucifixion, la mort et la résurrection de Jésus Christ notre Seigneur ne lui sert donc de rien. Il n’a pas besoin de la justice du Christ, de Son pardon, de Son œuvre sur la croix, du don de l’Esprit Saint pour vivre selon Lui. Il peut se considérer comme étant clean à ses propres yeux, et compenser par ses propres actions, grâce à ses bonnes œuvres les mauvaises qu’il a pu faire ici et là. Il se suffit donc à lui-même dans cette grotte dorée aux mille écrans, aux mille miroirs ! Ici nous venons de décrire un esclave, votre serviteur qui se satisfaisait de lui-même avant d’être rencontré par la Parole Créatrice. Je me croyais libre alors que j’étais prisonnier dans cette grotte illuminée par une lumière artificielle. Enfermées que j’étais dans mes certitudes, mes jugements sans appels, mon orgueil démesuré, mes violences et mes méchancetés enfouies prêtent à jaillir. Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat.
La libération vient du Tout Autre, de Celui qui est Parole Créatrice faite être humain, le crucifié ressuscité des morts, Souffle de Vie pour nos existences !
Il était grand temps que je sois libéré de cet esclavage dans cette grotte dans laquelle mon esprit était emprisonné. Alors, un jour, un beau jour, une énorme pierre qui obstruait la grotte a été enlevée, et la Parole de vie est entrée et en entrant elle est venue briser tous ces écrans, ces miroirs d’illusions afin que mon esprit se retourne vers cette Parole de Vie, cette Parole lumineuse, cette Parole vivante, cette Parole d’Amour pour vivre d’Elle, en Elle, par Elle, pour Elle dorénavant. Un souffle de vie nouveau venait d’entrer dans cette grotte. Quelle paix, quelle joie, quelle douceur, quelle puissance aimante lorsque ce souffle de vie, ce Souffle Saint règne dans notre vie, n’est-ce pas ? Il ne s’agit pas ici de dire que cela est bien ou mal. Ce n’est qu’un constat. Et grâce à cette parole de Grâce, d’Amour Je puis dire avec d’autres : « O Dieu, sois apaisé, sois favorable envers moi qui suis pécheur » Amen