Prédication de Jean-Pierre JULIAN le 30 novembre

prédication par Jean-Pierre Julian le 30 novembre à Clermont Premier dimanche de l'Avent

Prédication de Jean-Pierre Julian

Romain 13 v 11 à 14 et Matthieu 24 v 34 à 44 – le 30 novembre

Un paradoxe de la foi

Au commencement était la Parole

Sœurs et frères en Christ, nous sommes, liturgiquement parlant, dans le premier dimanche de l’Avent, d’où la première bougie qui est allumée. Ce premier dimanche de l’Avent nous encourage à approfondir, spirituellement, cette venue de la Parole Créatrice qui a été faite être humain en Jésus Christ. Ce premier dimanche de l’Avent nous fait donc entrer dans le mystère de l’incarnation. L’incarnation c’est la décision de Dieu d’être un être humain, en tant que Fils, pour nous réconcilier avec Lui, par Lui-même. Une petite précision s’impose sur la notion de fils dans la Bible. La notion de Fils n’est pas seulement un lien de filiation réelle mais c’est aussi une appartenance, une participation. Ceux qui appartiennent à l’humanité sont déclarés fils d’hommes, ceux qui appartiennent à une profession : fils de prophètes, à un peuple : fils d’Israël. Le premier dimanche de l’Avent nous place résolument dans la perspective de la venue du Fils de Dieu, filiation réelle ici sans pour autant introduire une idée de subordination. En effet, nous avons tous intégré, spirituellement, que c’est la Parole créatrice qui était au commencent et qui a été faite être humain en Jésus Christ comme nous le rappelle l’Evangéliste Jean dans ces trois courts extraits : « Au commencement était la parole et la parole était avec Dieu et la Parole était Dieu (…) en Elle était la Vie et la Vie était la lumière des hommes (…) et la Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous »

Maranatha

Ceci dit, ce premier dimanche de l’Avent annonce aussi, paradoxalement, la venue prochaine en gloire du Fils de l’homme, il serait plus sage ici de traduire : la venue en gloire du Fils de l’être humain. Ce Fils-là représente toute l’humanité. Celui qui vient dans la gloire, au dernier jour, jour connu seulement par le Père, c’est donc Jésus le Seigneur, le Fils de l’Homme, Celui qui représente toute l’humanité. En ce premier dimanche de l’Avent, nous nous souvenons donc qu’Il est venu en tant que Parole Créatrice faite être humain et qu’il vient ! Maranatha ! Il vient, Il s’approche de nous que cela se réalise dans 10 jour, 10 ans, 10 siècles, 10 millénaires, Il vient. Il est donc venue et il vient et nous marchons vers Lui, car nous aussi, tout comme Lui, nous sommes en mouvement. Nous sommes poussés, en quelques sorte, par l’Esprit Saint, vers cette rencontre à venir comme nous le rappelle l’Apôtre Paul dans la première lettre aux Corinthiens (13 v 12) : « Aujourd’hui nous voyons au travers d’un miroir, d’une manière diffuse mais alors se sera face à face. Aujourd’hui je connais partiellement, mais alors je connaitrais vraiment comme j’ai été vraiment connu. » Individuellement et en tant que communauté nous marchons vers Celui qui vient. C’est grâce à ce double mouvement le Sien comme le nôtre que nous pouvons mieux percevoir le dynamisme de la foi en Christ Jésus. C’est-à-dire une foi vivante et non pas endormie. En effet, si nous réduisons la foi en Jésus Seigneur à un catalogue de dogme à respecter nous stoppons notre marche en avant. Nous donnons plus d’importance au dogme qu’au lien que nous entretenons avec notre Père dans nos prières. Nous perdons, petit à petit, alors le lien, la relation qu’Il espère avec chacun d’entre-nous, chaque jour. La foi ici devient un savoir à conserver, un catalogue de vérité, alors qu’elle est avant toute chose une réponse à un promesse que Dieu nous adresse par le Fils, notre Seigneur. Une parole promesse que nous entendons et qui fait naitre en nous la foi en Jésus Seigneur. De même, si nous considérons que ce qui compte le plus ce sont seulement nos œuvres que nous réalisons, aussi belles et utiles soient-elle, en son Nom. Au fil du temps, nous nous coupons de la compréhension qu’Il vient vraiment. Alors, sans vraiment nous en rendre compte nos œuvres, belles, utiles et nécessaires, deviennent l’objectif de notre vie, l’œuvre de notre vie. Nous ne vivons plus que pour elles, à travers elles. Comme si notre vie devait se réduire à l’accomplissement de ces œuvres belles, utiles et nécessaires. Il est normal d’accomplir des œuvres belles, utiles et nécessaires. Il est anormal qu’elles deviennent la finalité de notre vie. La finalité de notre vie et de garder le lien avec Celui qui est Amour, Grace et Paix afin qu’il rayonne dans notre vie et touche tous ceux et celles que nous côtoyons. La finalité c’est d’être toujours dans cette espérance que le Seigneur vient vraiment. C’est aussi désirer ardemment Sa venue afin qu’il mette un terme aux souffrances que notre humanité inflige à elle mêmes et à la création tout entière qui la porte. Viens Seigneur ! Maranatha ! Lors de ce premier dimanche de l’Avent nous sommes donc dans ce double mouvement, celui d’une parole qui vient, qui a été faite être humain en Jésus Christ, le crucifié, qui meurt, qui se réveille de la mort qui nous réveille, nous met en marche par l’Esprit Saint et de celui qui vient en tant que Fils d’homme, Fils d’être humain. Deux questions peuvent traverser notre esprit suite à cette réflexion : pourquoi Jésus le Christ accepte-t-il de mourir sur une croix ? Pourquoi est-il le seul être humain à avoir vaincu la mort ?

Pourquoi Jésus le Christ accepte-il de mourir sur une croix ?

Si la Parole créatrice a été faite être humain en Jésus Christ pour vivre ce que nous vivons. Si Jésus Christ a été crucifié sur un bois pour prendre notre péché, s’il s’est fait péché pour nous, c’est donc pour nous délivrer de ce péché. Comme nous sommes souvent en rébellion avec ce terme de péché parce que nous l’assimilons, bien trop souvent, à la morale. Il m’appartient de repréciser cette notion. Le péché est, avant toute chose, notre coupure relationnelle d’avec Dieu notre Père, c’est une réalité spirituelle. Les péchés n’étant que la conséquence de cette rupture relationnelle d’avec la Parole créatrice. Le Christ Jésus sur la croix, en se faisant péché, Lui qui était sans péché car en lien, en relation avec le Père, nous délivre du péché, nous délivre de notre désobéissance adamique, nous délivre du fait que nous avions tourné le dos, montrer notre nuque au Créateur et non plus notre face, Il nous délivre de cette confiance que avions donné à une créature et non plus au Créateur, il nous délivre de cette fidélité que nous avions donné à la parole à une créature et non plus à la Parole Créatrice. Jésus Christ notre Seigneur nous délivre donc du péché. A la question pourquoi accepte-t-il cela ? Deux réponses possibles. Premièrement, Il accomplit, Lui-même, en tant qu’être humain la loi qu’Il a établi dans le jardin d’Eden. En effet, au chapitre deux du livre de la Genèse : Il est dit : « Le Seigneur Dieu donna cet ordre à l’être humain : tu pourras manger de tous les arbres du jardin mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais, car le jour où tu en mangeras tu mourras, tu mourras ». La mort, bibliquement parlant, n’a d’existence, de réalité que parce relié au péché. La mort en est la conséquence. Le Christ en ce faisant péché, en prenant notre péché obéit au commandement. Il accomplit en mourant le commandement de Dieu. Deuxièmement, il accompli cela par Amour parce qu’il n’est qu’Amour, que Justice, que Sainteté, bibliquement parlant.

Pourquoi est-il le seul être humain à avoir vaincu la mort ?

A la deuxième question, pourquoi est-il le seul être humain à avoir vaincu la mort ? Cet être humain, Jésus, notre Seigneur a donc vécu la mort à cause de notre péché par Amour pour nous, il s’est donc réveillé de la mort par ce que Lui, Il était sans péché. Celui qui s’est fait péché était sans péché. Il s’est réveillé de la mort par la puissance et la gloire du Père. Il a donc vaincu la mort et a laissé le péché dans la mort, Il a laissé notre péché, notre coupure relationnelle d’avec Dieu, notre désobéissance d’avec Dieu et toutes les conséquences qui vont avec, nos péchés aussi nombreux soient-il, mais aussi nos souffrances car il a porté aussi nos souffrances. Il a laissé tout cela dans la mort. Il est donc le seul être humain à avoir vaincu la mort. C’est pour cela que dans la bible il est appelé fils de l’homme lors de sa prochaine venue, littéralement Fils de l’être humain, Celui qui représente toute l’humanité.

Nous avons revêtu Jésus Christ

Il y a eu donc une mort réelle de Jésus Christ comme il y a eu une résurrection réelle du Christ Jésus. Mais la question fondamentale encore aujourd’hui est celle-ci : à quoi sert cette résurrection ? Quel intérêt y trouvons-nous, nous humains du 21 siècle ? Si nous avons intégrés que Dieu en Christ Jésus a créé une nouvelle créature lors de la résurrection. Si nous avons intégrés aussi que Jésus Christ est un Adam céleste qui est venu revêtir l’Adam terrestre dont nous sommes tous issus. Si nous avons intégrés cela, nous comprenons que nous-mêmes, nous avons revêtu le Seigneur Jésus Christ. Et si nous avons revêtu le Seigneur Jésus Christ nous sommes dorénavant issues de Lui. Nous appartenons au crucifié/ressuscité des morts et nous vivons pour Lui. Sa résurrection nous place dans une nouvelle dynamique. Nous vivons de Sa paix victorieuse sur la mort. Nous vivons de Sa grâce, nous vivons de sa profonde miséricorde par le don de l’Esprit Saint. Nous sommes devenus les témoins de Son Nom, Les témoins de Son œuvre sur la croix, les témoins de Sa Vie.

Restons éveillés !

Nous devons donc rester éveillé, spirituellement, face à ce jour qui vient. Jour connu du Père seulement. Restons éveillé face à cette venue en gloire du Fils de l’homme, Celui qui représente toute l’humanité, le Seigneur Jésus. Cette prochaine venue en gloire du Fils de l’homme nous permet d’avoir la tête hors de l’eau malgré tous les nuages sombres qui peuvent obstruer notre vue (une économie qui s’écroule, des guerres qui s’annoncent, notre propre mort qui peut à tout moment nous surprendre.) Une dernière précision concernant le mot gloire dans la Bible. Dieu est « l’Etre » par excellence. Lorsqu’Il parle Sa Parole a du poids. Cette Parole lorsqu’elle nous rejoint nous fait « être ». Rendre gloire à Dieu c’est Lui reconnaitre ce poids, cette densité, Son Être qui nous fait être. C’est prendre conscience que nous existons grâce à Son nom, Son œuvre, Sa vie, grâce à Sa Parole. C’est parce que la Parole créatrice a été faite être humain en Jésus Christ que nous sommes debout et que nous marchons vers la Vie, toujours la Vie, rien que la Vie. Ainsi, dans ce temps qui nous est impartie, approfondissons l’incroyable Amour de notre Père qui en tant que Fils nous rejoint pleinement dans notre humanité et qui en tant qu’Esprit Saint nous relève, nous inspire, nous fait découvrir la profondeur de Sa paix, de Son Amour, de Sa joie, de Sa grâce afin d’être les témoins de Sa présence dans ce monde. Que Son soit béni. Amen.

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