Prédication de JPJ présentée par Lydie Pinel et Vénus Ticha le 12 octobre

Prédication de 12 octobre 2025 Texte de Jean-Pierre Julian présentée par Lydie Pinel et Vénus Ticha

Prédication de 12 octobre en duo

Luc 18 v 1 à 8

« Il faut toujours prier et ne pas se lasser »

Frères et sœurs en Christ,

J’aimerais partager avec vous tout d’abord certaine perplexité concernant ce texte de L’Evangile de Luc.

Perplexité par ce que Jésus se sert du modèle d’un juge inique pour parler du juste juge qui est Dieu.

Perplexité aussi en ce qui concerne cette veuve pugnace qui dans une communauté serait sûrement difficile à vivre…

Perplexité enfin en ce qui concerne la finale de cette parabole  où Jésus s’interroge sur la capacité de nos Eglises à résister à l’érosion du temps et aussi au découragement suite à cette venue en gloire du Seigneur crucifié ressuscité des morts qui tarde à venir d’où cette parole du Christ : Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera t’il la foi sur terre…

D’un autre côté cette parabole m’a entraînée dans une réflexion que je n’avais jamais entrepris d’une manière soutenue.

Une réflexion sur la prière communautaire et sur la prière individuelle.

1 la prière individuelle ?

Déjà pour commencer une précision

Une prière individuelle qu’est-ce vraiment ? et est-ce que cela existe vraiment ?

En effet, lorsque nous prions à Dieu. Nous nous adressons à quelqu’un. Donc nous sommes déjà au moins deux dans l’acte même de Prier. Si avec Paul nous croyons que l’esprit Saint Lui-même par des soupirs inexprimables sous tend notre prière, nous voyons bien ici que la notion de prière individuelle n’est pas très bien appropriée.

Concernant maintenant la prière en elle-même.

Cette parabole nous montre une femme tenace, qui ne lâche pas prise. Obstiné dirait-on aujourd’hui. Elle met tout son être pour obtenir gain de cause. Elle inscrit cela en plus dans la durée. Et elle est motivée.

A Tout notre être

C’est cela que je trouve intéressant dans ce texte. Cette veuve met tout son être pour obtenir gain de cause et elle ne se lasse pas. Elle est opiniâtre.

Ici la prière est décrite comme un engagement total de l’individu. Un travail à corps plein dirait-on aujourd’hui. Parfois on peut cantonner l’acte de prier dans le simple fait de penser seulement, ou encore dans les seules émotions ou bien encore dans la seule force de conviction.

Ici le texte demande à l’orant un engagement total. C’est tout l’être qui est appelé à s’offrir à Dieu dans l’acte de la prière. Tout l’être c’est-à-dire: l’esprit, l’âme et la force. Et je me doute qu’ici à Clermont tout ce que je dis est peut être une banalité, mais il me semble important de nous dire et de nous encourager à cette vie de prière ou l’on ose s’offrir à Dieu, où l’on se donne pleinement et entièrement dans le dialogue que nous avons avec Dieu. La prière n’est pas qu’une affaire intellectuelle, ni une affaire de ritualité, ni une simple affaire personnelle elle est engagement total de tout notre être pour demander quelque chose de précis, pour confesser profondément ce qui nous accable, pour rendre grâce pour le salut de l’humanité, pour rendre gloire de l’œuvre du Christ au mont Golgotha…

B Inscrire notre prière pleine et entière dans la durée

C’est peut être l’autre difficulté que pointe la parabole. Inscrire notre prière personnelle avec l’aide de l’Esprit saint dans le temps.

Combien de sujets de prière abordés puis abandonnés par oublie, par lassitude, par découragement, par surmenage…

Dans ce siècle de l’immédiateté ou nous sommes connectés via les médias avec toute la planète, il devient difficile de nous inscrire dans ce temps nécessaire de la persévérance.

Dans ce siècle ou l’on nous fait croire que l’on peut tout obtenir et tout de suite, moyennant crédit cela s’entend. Il va être compliqué, pour la génération qui baigne dans cette idéologie, d’entrer dans cette démarche de la persévérance assidue.

C Troisièmement la nature de la motivation de la veuve

Si notre prière est pleine et entière et qu’elle se vit et s’inscrit réellement dans la persévérance donc dans la durée. C’est que nous nous positionnons comme la veuve de la parabole et que nous disons à Dieu que ta justice soit faite ! Que ton Amour se réalise ! Que ta vie soit victorieuse !

La prière n’est donc qu’une question de vie ou de mort. Et c’est peut être cela surtout qui donne à la veuve ce courage d’affronter un notable et cette vaillance de revenir jour après jour à la charge.

Prier se rapproche donc plus du cri que de la dissertation. Le cri peut être silencieux, parce qu’intérieur. Le cri peut s’exprimer dans l’amour, dans la joie, dans les pleurs, dans l’espérance. Mais le cri s’exprime et Dieu est celui qui accueille le cri de l’être humain. N’a-t-il pas accueilli le cri de Jésus Christ sur la croix : Mon Dieu, Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?

Prier c’est donc être traversé par l’amour de Dieu pour ses enfants, par le cri d’amour de Dieu lui-même pour ses enfants, ses créatures, sa création.

Prier c’est donc vivre une communion active avec Dieu, le prochain et la création.

C’est cette communion étonnante que seul l’Esprit Saint est à même de maintenir. De plus, l’Esprit saint nous place dans une position de porte parole des cœurs brisés et blessés qui n’ont plus la force de se tourner vers Dieu. Ici, c’est l’église rassemblée qui, tournée vers son Dieu, lui offre le monde. Nous pouvons maintenant aborder la prière communautaire.

2 La prière communautaire

Nous pouvons lire aussi cette parabole de Jésus sur le juge inique et la veuve pugnace d’une manière communautaire.

La veuve symbolisant l’Eglise rassemblée, le juge inique symbolisant le monde récalcitrant qui refuse obstinément d’accueillir la présence de Dieu et la loi de l’Esprit Saint donc la justice selon Dieu.

La victoire de la veuve symboliserait une église qui, contre vents et marrées, fait briller un peu de lumière au cœur des ténèbres. La défaite du juge inique nous prouverait que le fatalisme n’a pas droit de cité dans la foi chrétienne.

Mais au delà de cette lecture, qui vaut ce qu’elle vaut, et que d’autres ont faite avant moi. Il me semble que le texte de la parabole nous dit autre chose. Il place l’Eglise face à sa responsabilité. L’église est toujours tournée vers le monde pour que le monde soit irradié par la lumière de Dieu. L’église trouve sa raison d’être dans la mission dont l’a mandaté son chef.

Il me semble qu’il est important de garder cela à l’esprit.

Il est important de garder à l’esprit aussi que dans le cadre de nos rencontres œcuméniques nous signifions au monde notre unité en Christ, mais aussi nous signifions au monde la réconciliation de l’homme avec Dieu au nom de Jésus Christ et par l’agir de l’Esprit Saint.

Nous avons donc une magnifique responsabilité qui découle, me semble t-il, de notre désir de confesser ensemble Jésus Seigneur. Mais ce témoignage en parole et en acte est orienté à la fois vers Israël et vers le monde entier.

La première responsabilité œcuménique à mes yeux aujourd’hui c’est  de continuer à témoigner ensemble, avec nos différences culturelles et nos divergences théologiques que Jésus Christ, le crucifié, ressuscité des morts, est le Seigneur, mais aussi que Dieu a réalisé par son Fils la réconciliation de l’humanité, mais encore que l’Esprit Saint au milieu de nous est celui qui nous apprend à être vraiment des hommes et des femmes tels que Dieu l’espère depuis le premier jour de la création.

La deuxième responsabilité œcuménique intimement lié à la première à mes yeux aujourd’hui c’est « d’exciter la jalousie d’Israël » comme le dit l’Apôtre Paul. Notre famille spirituelle est amputer encore aujourd’hui de ses anciens. Et il y a peut être ici un chemin que l’œcuménisme n’a pas encore suffisamment explorée ; Un chemin qui ouvrirait d’autres portes entre nous et nous entraînerait vers une communion peut être encore plus profonde. C’est déjà un sacré miracle que des chrétiens Orthodoxes, Catholiques, Protestants, Evangélique… se perçoivent comme des frères et des sœurs en christ.

Dieu n’est pas avare de miracles et ce serait sûrement un sacré challenge pour nos différentes églises et pour le mouvement œcuménique en particulier de nous confronter ensemble au judaïsme et d’entreprendre un « quadrilogue » certes complexe mais o combien enthousiasmant. Il me semble qu’il y a un chemin, certes difficile, mais un chemin de vie à entreprendre dans cette direction. Un chemin qui nous inscrirait davantage, me semble t-il, dans se souffle de l’alliance que Dieu depuis les origines à contractés avec notre humanité.

Amen

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